L'histoire de la "Daytona" remonte à la présentation en 1966 par Lamborghini de la Miura, première GT à moteur central-arrière transversal. Avec sa ligne agressive, et sa structure innovante directement inspirée des Sport-Prototypes de l'époque, la Miura, présentée de surcroît par une marque encore peu connue, défiait la suprématie des Ferrari contemporaines à moteur avant la 275 GTB notamment.

Ferrari se devait de réagir, même si la toute jeune firme Lamborghini n'avait pas encore ses lettres de noblesse.

Enzo Ferrari, imperturbable, maintenait que le moteur avant était la meilleure solution pour une GT de route à très hautes performances. La stabilité discutée de la Miura à très haute vitesse lui donna d'ailleurs des arguments. La Daytona fut présentée en 1968 au Salon de Paris.

Photo prise au Salon de Paris 1968: révélation d'une beauté phénoménale et intemporelle.

Elle stupéfia le monde de l'automobile à la fois par ses performances et par sa ligne. Son V12 de 4,4 litres implanté à l'avant développait, avec ses six Weber double corps, plus de 350 chevaux réels à 7500 t/mn, se montrant digne du triplé Ferrari réalisé sur le circuit de Daytona l'année précédente. Son arrière très court, son long capot effilé composaient avec une silhouette profilée, pure et extraordinairement belle, un chef d'oeuvre que beaucoup considèrent comme l'apogée de la GT à moteur avant. Elle succédait avec éclat à la 275 GTB/4 avec un modernisme surprenant et des performances radicalement améliorées. Sa qualité de fabrication, de finition et sa fiabilité complétaient un ensemble de qualités extraordinaires.

Les deux rivales côte-à-côte, sur le stand Autodrome de Rétromobile en préparation

Environ 500 exemplaires furent produits dans la première version, dite "plexi" : ses quatre feux avant profilés sous un carénage renouvelaient magnifiquement le principe des phares carénés  des GTB et GTO, avant que les normes américaines n'imposent la seconde version, à feux basculants (dont les touts premiers exemplaires étaient peints en gris métal, tout comme l'espace les séparant, afin de suggérer visuellement le bandeau de la version précédente). Cette seconde version, un peu moins recherchée car elle n'est pas "l'original", est aussi moins rare avec plus de 800 exemplaires.

La Daytona fut à la fois la meilleure routière sportive de son époque, et une des plus grandes GT de course, avec un palmarès remarquable en Groupe 4 notamment. Elle est la dernière Ferrari classique de route à moteur avant et à ce titre l'héritière d'une lignée fabuleuse remontant aux toutes premières Ferrari de compétition, en passant par la grandiose dynastie des 250. La 365GTB/4 Daytona est, en version "feux plexi" une automobile rare et extrêmement prestigieuse dont il n'existe pas d'équivalent : en effet, elle marie une beauté qui donne le frisson avec des performances et une noblesse mécanique incomparable.

Sa cote monte régulièrement: après avoir été stable vers 130.000 € (très beaux exemplaires), sa valeur est passée en un an à 170-190.000 € ; la dernière adjugée par l'étude Poulain-Lefur à l'occasion de Rétromobile 2006 s'est vendue pour 193.000 € frais inclus (175 hors frais). La cote moyenne de la Daytona atteindra vite les 200.000 €, ce qui est parfaitement justifié si l'on considère sa rareté, son importance historique et le prix des Ferrari neuves, qui sert souvent de référence pour considérer la base d'un investissement pour une Ferrari de collection. Les 275 GTB, modèle auquel la Daytona a succédé, ont dépassé les 500.000 €, les meilleurs exemplaires valant encore bien davantage.

La plus belle automobile du monde ? En tous cas une oeuvre d'art devenue un mythe mondial.

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